Depuis
le géant de bronze Talos et le Golem, s’élabore un grand mythe qui traverse
notre culture et consiste à fabriquer un être artificiel, capable de réfléchir,
à l’image de l’être humain. Sa présence est constante et conserve encore un
puissant pouvoir d’évocation. Créées sur le mode de l’imitation, les représentations
(imaginaires, scientifiques) de ces êtres obligent l’individu à se repenser.
Aujourd’hui, l’automate des
frères Droz et d’Hoffmann a cédé la place à l’intelligence artificielle, au
cyborg, au clone. La frontière entre l’humain et son double artificiel tend de
plus en plus à se réduire. Par un étonnant renversement, l’humanité songe
maintenant à se transformer elle-même. Et pour devenir quoi? Que signifie la
posthumanité et où se situe-t-elle, entre nature et culture? Ainsi, se repose
la question de la définition de la personne humaine. L’humanité semble pouvoir
désormais s'écrire et se dire par l'absence et le creux, par ce qu'elle n'est
pas, ne devrait pas pouvoir être ou ne sera plus. Le « manifeste » de
Donna Haraway, les écrits de Francis Fukuyama ou de Dominique Lecourt, les
polémiques déclenchées par Peter Sloterdijk et ses Règles pour le parc
humain, les réflexions de
Chris Gray ou de N. Katherine Hayles, de Bernard Andrieu ou de Jean-Michel
Besnier, ne sont que quelques-uns des exemples qui rendent compte de
l’importance prise aujourd’hui par ce sujet, de la philosophie à l’art, de la
littérature à l’anthropologie.
Ce colloque international entend
explorer les modes de représentations de l’humain et de ses avatars à l’aube du
posthumain. Même si les confrontations entre les hommes et des êtres
artificiels remontent loin dans le temps, c’est avant tout à la période
contemporaine qu’elles se multiplient. C’est celle que notre colloque
privilégiera, dans la littérature comme dans les arts visuels, bien qu’on
puisse aussi en examiner l’archéologie. Comment
l’imaginaire représente-t-il ce corps au-delà de l’humain ? Quels en sont
les modes d’évolution, de transformation, de mutation ? Quelle part est
faite à l’aliénation de l’individu ? Quelle place accorde-t-on à l’éthique
et au politique ? Le posthumain offre-t-il la possibilité de penser
autrement les notions d’engagement ou d’altérité ? Comment interpréter ou
appliquer dans la fiction un vocabulaire nouveau qui navigue entre transhumanisme
et posthumanisme, surhumanité et humanisme libéral, prosthésie et prophétie,
Post et Anté, fin et origine ? Le posthumain est-il l’annonce d’une
perfection attendue ou d’une monstruosité ? Peut-on encore parler de
« créatures artificielles » ? Que fait-on dans pareils cas de la
dichotomie entre corps et esprit ? Autant de questions qui autorisent à
réfléchir sur le rapport ontologique du sujet au monde, aujourd’hui.
Colloque
organisé conjointement par Figura (Université du Québec à Montréal) et le
Centre d’Études interdisciplinaires du Monde Anglophone (CEIMA/HCTI) de l’Université
de Bretagne Occidentale (UBO) à Brest
Comité
organisateur : Jean-François Chassay, Bertrand Gervais, Gaïd Girard et
Hélène Machinal
Participants :
Hélène Machinal (Brest)
Gaïd Girard (Brest)
Elaine Després (Brest)
Claire Larsonneur (Paris 8)
Arnaud Regnauld (Paris 8)
Pierre Cassou-Nogues (Paris 8)
Mélanie Joseph-Vilain (Bourgogne)
Laurence Gaïda (Franche-Comté)
Gilles Ménégaldo (Poitiers)
Denis Mellier (Poitiers)
Tony Thorström (Uppsala)
Jean-François Chassay (UQAM)
Antonio Dominguez-Leiva (UQAM)
Joanne Lalonde (UQAM)
Marianne Cloutier (doctorante, UQAM)
Alexandre Klein (cegep Saint-Laurent)